Une conférence de Jacques RUPNIK sur l’Europe centrale et orientale

Dans le cadre du café géopolitique du 10 juin qui sera animé par Jacques RUPNIK sur la perception de la guerre en Ukraine en Europe centrale et orientale, cette vidéo d’une conférence récente constitue une introduction: https://www.youtube.com/watch?v=5FyjMN7YXmA

Café géopolitique sur l’Afghanistan le samedi 17 juin à 15 heures

Le dernier café géopolitique avant l’été aura lieu le samedi 17 juin à 15 heures et portera sur la situation en Afghanistan, près de deux ans après le retrait américain. Il est toujours organisé en partenariat avec le laboratoire PLEAIDE (Université Sorbonne Paris Nord).

Il sera animé par Adam BACZKO, chercheur au Centre de Recherches Internationales (CERI) à Sciences Po.

Pour plus d’informations; voir le lien suivant: https://www.paris.fr/evenements/cafe-geopolitique-l-afghanistan-37155

Café géopolitique avec Bertrand BADIE sur l’état du monde à l’heure de la guerre en Ukraine le mercredi 14 juin

La chute de la statue de Lénine à Riga (Lettonie) en mai 1991 (Riga Museum of Occupation).

Un café géopolitique est organisé en partenariat avec le laboratoire PLEIADE (Université Sorbonne Paris Nord) et la bibliothèque Germaine Tillion (Paris 16ème) le mercredi 14 juin à 18h sur l’état du monde à l’heure de la guerre en Ukraine.

Il sera animé par Bertrand BADIE, professeur émérite à Sciences Po et l’un des experts les plus reconnus en matière d’étude des relations internationales.

Pour plus d’informations, voir le lien suivant: https://www.paris.fr/evenements/cafe-geopolitique-dessiner-un-etat-du-monde-a-l-heure-de-la-guerre-en-ukraine-36727

Compte-rendu du café géopolitique sur les Balkans avec Jean-Arnault DERENS

Le jour de la sortie de son dernier livre Les Balkans en 100 questions (avec Laurent GESLIN, aux éditions Taillandier), Jean-Arnault DERENS est venu à la bibliothèque Germaine Tillion (Paris 16ème) pour animer ce nouveau café géopolitique.

D’emblée, Jean-Arnault DERENS rappelle l’origine du mot Balkans: il vient d’une montagne le Mt Balkan situé à l’ouest de la Bulgarie actuelle. Les limites des Balkans ne sont pas simples à tracer. On parle parfois de péninsule balkanique, sans pour autant que les contours soient plus nets, au contraire par exemple de la péninsule ibérique, incontestablement délimitée par la chaîne des Pyrénées. Certains Etats comme la Slovénie ou la Roumanie rechignent à se considérer comme balkanique. Les Balkans ont donné le substantif balkanisation qui marque le morcellement d’un territoire, tout comme lors des guerres des années 1990, on évoquait alors la libanisation des Balkans!

Une question porte sur le futur européen de la région: si la Slovénie et la Croatie font partie de l’UE, de l’espace Schengen et de la zone euro et que la Roumanie et la Bulgarie sont dans l’UE depuis 2007, les autres Etats (Serbie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Monténégro, Kosovo et Albanie) n’y sont toujours pas. Jean-Arnault DERENS rappelle que s’il existe différents stades d’avancement dans la candidature de ces Etats, en réalité, ils sont tous loin d’intégrer l’UE. La première des conditions est le respect de l’Etat de droit, qui reste largement bafoué. Ainsi, en Albanie, Sali Berisha, ancien cardiologue personnel du très communiste Enver Hodja, a été élu président, à la tête des conservateurs Au Monténégro, la famille Djukanovic s’est emparée de tous les leviers du pouvoir, à l’image de Milo, qui a régulièrement alterné entre les postes de président et de premier ministre. De plus, un Etat comme le Kosovo, lui-même pas reconnu par plusieurs pays européens du fait de la menace séparatiste qui existe ailleurs en Europe. Et la Serbie s’enfonce dans une autocratie depuis plusieurs années.

La situation économique de la région reste précaire. Jusqu’à une période récente, un Etat comme la Serbie avait une grande partie de son économie nationalisée. Des investisseurs étrangers, notamment chinois sont arrivés. Au Monténégro, la construction d’une autoroute à un milliard d’euros est menacée face à l’incapacité de l’Etat de payer. La Chine pourrait alors recevoir en échange des terres, à commencer par l’exploitation du port de Bar, ce qui serait dans la continuité des routes de la Soie après le rachat du port du Pirée. Face à l’influence chinoise grandissante, l’Union européenne s’est engagée à aider le Monténégro. Face aux difficultés sociales et à la corruption, les populations n’hésitent pas à émigrer vers l’Europe de l’Ouest à l’instar des Bulgares, des Serbes et des Croates. La diminution de la population dans la plupart des Etats balkaniques devient préoccupante.

Concernant la gestion du COVID dans la région, la Serbie a très mal vécu la politique de l’UE concernant les vaccins qui donnait la priorité de l’accès aux masques à des Etats membres. En conséquence, la Chine lui a directement fourni des équipements de protection, ce qui a contribué à Pékin de s’implanter un peu plus dans les Balkans (on voyait alors à Belgrade des affiches du président chinois célébrant l’amitié avec la Serbie). Jean-Arnault DERENS rappelle la politique des vaccins menée par la Serbie au printemps 2021, qui proposait à quiconque de se faire injecter les vaccins chinois, russe ou même le Pfizer. Pour autant, la gestion du virus est comparable aux autres Etats européens avec une proportion de décès par habitant comparable au reste de l’Europe.

Sur la guerre en Ukraine, Jean-Arnault DERENS note l’habileté des autorités serbes, qui ont condamné l’invasion russe de l’Ukraine, mais sans pour autant se brouiller avec Moscou. En effet, la guerre en Ukraine pose la question de potentielles modifications de frontières en Europe, et potentiellement celles d’un Kosovo indépendant séparé de la Serbie. Belgrade peut ainsi s’offusquer d’une telle perspective tout en ménageant la Russie, qui reste à ses yeux un partenaire politique majeur.

Café géopolitique le samedi 10 juin à 15h avec Jacques RUPNIK sur la guerre en Ukraine vue d’Europe centrale et orientale

Place de la Liberté à Tallinn (Estonie, avril 2022).

Organisé en partenariat avec le laboratoire PLEIADE( Université Sorbonne Paris Nord), le prochain café géopolitique aura lieu le samedi 10 juin à 15h et portera sur la guerre en Ukraine vue d’Europe centrale et orientale.

Il sera animé par Jacques RUPNIK, directeur de recherche émérite à Sciences Po et ancien conseiller de Vaclav HAVEL entre 1990 et 1992.

Pour plus d’informations, voir le lien suivant: https://www.paris.fr/evenements/cafe-geopolitique-vue-d-europe-centrale-et-orientale-la-guerre-en-ukraine-36955

Paroles d’Ukrainiens à Varsovie (2)

Alina a 28 ans et vient de Kiev. Originaire de Louhansk dans le Donbass, elle n’a pas pu y aller depuis 2014 avec la prise de la Crimée par la Russie et le début du conflit dans l’est ukrainien. Comme beaucoup d’Ukrainiens, à aucun moment, elle n’envisage que l’Ukraine cède ces territoires à la Russie (pour revenir dans sa région d’origine, elle aurait besoin de faire un grand détour par la Russie avec tous les risques induits pour une Ukrainienne). Elle souhaite une Ukraine membre de l’UE et de l’OTAN “pour ne plus être menacée par la Russie à l’avenir”.

Le Palais de la Culture à Varsovie (avril 2023) a été un cadeau de Staline à la Pologne après la Seconde Guerre mondiale. Il existe un édifice similaire à Riga (Lettonie) et bien sûr, à Moscou.

Elle est médecin et s’est octroyée quelques jours de congés en Europe, chez des amis à Amsterdam d’abord, puis à Varsovie. Dans le contexte actuel de la guerre, on peut être surpris de rencontrer des Ukrainiens voyageant lors de congés. Pour elle, la surprise n’est pas si grande car elle voit également des visiteurs étrangers en Ukraine. Ses parents, son mari (qui comme tous les hommes ne peut sortir du pays), ses amis sont à Kiev et essaient de vivre une vie aussi normale que possible. Et croit en une Ukraine différente après la guerre, avec moins de corruption, notamment car une part grandissante des paiements se fait désormais par téléphone, ce qui minimimise la triche fiscale.Pour l’heure, l’un des problèmes principaux est la vertigineuse augmentation des prix: elle les trouve au même niveau qu’à Amsterdam. L’importation de nombreux produits coûte encore plus cher avec la guerre. Lors de la dernière élection, elle a voté pour l’ancien président Porochenko, l’oligarque qui avait soutenu la révolution Maïdan et fait fortune dans le chocolat (Roshen) mais depuis le début de la guerre, elle reconnaît le grand courage de Zelensky.

Avec son portable constamment à la main, Alina vit au rythme des applications créées par les autorités ukrainiennes comme celle des alertes aériennes continuellement mises à jour par (on y voit en rouge les territoires menacés) ou celle des dernières alertes (elle montre que lors de la nuit précédente l’alerte a duré près de trois heures à Kiev obligeant une partie des habitants à se réfugier dans des abris et notamment certaines de ses amies qui sont allées dans le métro). Elle montre aussi avec amusement un pont en verre sur le Dniepr à Kiev qui a résisté à un bombardement russe: sur une vidéo, on y voit deux Ukrainiens sauter à pieds joints sur le dit pont en criant de joie. Ces images de dérision de la guerre et des bombardements tournent en boucle sur les portables ukrainiens. En dehors du couvre-feu nocturne (de minuit à 5 heures), la vie à Kiev reprend un semblant de normalité pour Alina.

Ce soir, Alina rentre en Ukraine depuis Varsovie: elle devra changer de train à Chelm, une ville polonaise à 25 km de la frontière. De là, elle ira à Kiev, en train de nuit, au gré des alertes des bombardements russes, dans des wagons récemment rénovés et dont les photos montrent un certain confort.

Paroles d’Ukrainiens à Varsovie (1)

Le Palais de la Culture à Varsovie (avril 2023) a été un cadeau de Staline à la Pologne après la Seconde Guerre mondiale. Il existe un édifice similaire à Riga (Lettonie) et bien sûr, à Moscou.

La capitale de la Pologne se trouve à trois heures de route de la fronitère ukrainienne. Au pied du palais de la Culture, cet imposant édifice offert par Staline au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Dimitri, 25 ans est de passage. Il a entendu parler de l’offre du Canada de donner un visa gratuit aux Ukrainiens, il vient donc en chercher un, cela pourra toujours servir même si son but actuel n’est pas d’y aller. Voilà près de 5 ans qu’il vit dans le nord-ouest du pays, à Szceczin, où il avait décidé de quitter sa ville natale près de Kiev pour trouver du travail. Beaucoup d’Ukrainiens n’ont pas attendu la guerre pour partir tant la pauvreté et la corruption étaient présentes en Ukraine. Il se souvient que beaucoup de Polonais n’appréciaient guère cet exode massif avant la guerre, mais depuis le 24 février 2022, tout le pays s’est mobilisé pour accueillir les Ukrainiens. Lui-même a fait venir sa mère afin de la mettre en sécurité. Pour lui, la victoire de l’Ukraine ne fait aucun doute et les changements profonds qu’elle engendrera après non plus. Il met ensemble les oligarques ukrainiens et russes qui s’entendaient pour piller le pays et à ses yeux la guerre en Ukraine n’a d’autre intérêt pour la Russie que de préserver une Ukraine aux mains des oligarques.

Gdansk, la ville qui fut indépendante entre les deux guerres

Effacée de la carte de l’Europe au cours du XIXème siècle, la Pologne renaît à l’issue du traité de Versailles (article 100, juin 1919). L’un des enjeux territoriaux majeurs est son accès à la mer Baltique. Sa principale ville est Gdansk (Dantzig en allemand), qui sépare l’Allemagne du territoire allemand de Königsberg et qui est elle-même majoritairement peuplée d’Allemands. Il est donc décidé que la ville et ses environs deviennent un territoire indépendant de 1952 km2 (un peu plus petit que le Luxembourg) sous l’égide de la Société des Nations (SDN).

Borne séparant la Ville Libre de Gdansk de la Pologne et de l’Allemagne (source: musée de la Seconde Guerre mondiale à Gdansk)

Cette situation ne satisfait ni les Allemands, ni les Polonais. L’arrivée au pouvoir des Nazis en Allemagne en 1933 fait du territoire l’un des symboles territoriaux à reconquérir, ce qui arrive au printemps 1939, quelques mois avant l’invasion allemande de la Pologne qui marque le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Une affiche de propagande du régime nazi après l’annexion de l’Autriche en mars 1938. La ville de Gdansk (Dantzig) forme un corridor entre l’Allemagne et la région de Königsberg (aujourd’hui l’oblast russe de Kaliningrad). Aux yeux d’Hitler, la conquête de Gdansk permettait de réunir les deux parties du Reich (source: musée de la Seconde Guerre mondiale à Gdansk).